Par Stéphanie Hennette-Vauchez
Suite à la chronique publiée dans le Recueil n° 28 du 17 juillet 2008 présentant la Cour européenne des droits de l’homme comme « tyrannique », la présente contribution se propose non pas d’évaluer le bien-fondé des analyses présentées, mais de questionner le raisonnement qui les porte. On souligne ainsi en premier lieu le caractère éminemment axiologique (et donc par nature invérifiable) de ses prémisses, en tant qu’elles reposent sur une anthropologie négative et l’idée d’un échec de la normativité juridique dans sa mission de domestication de l’individualisme. On s’attache en second lieu à souligner le paradoxe qu’il y a à présenter aujourd’hui comme outrancier le fait que le juge soit aussi créateur de droit, tant sont riches et multiples les analyses scientifiques appuyant cette hypothèse – de sorte que la chronique étudiée peut paraître fondée sur une forme de naïveté théorique qui mérite d’être interrogée ; notamment : est-ce la Cour européenne des droits de l’homme qui suscite le courroux, ou plus simplement ces derniers ?