Journée d’étude dans le cadre du lancement de la

Chaire collective de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression (COLIBEX)

Université Paris Nanterre – 30 mai 2023

Amphithéâtre Formation Continue et en ligne :

ID de réunion Zoom : 922 7152 1976
Code secret : Colibex23

  • 9h30 Mot de bienvenue

Véronique Champeil-Desplats, vice-présidente de l’Université Paris Nanterre.

Présentation de la chaire

Mathilde Barraband (Université du Québec à Trois-Rivières) et Gisèle Sapiro (EHESS, CNRS)

  • 9h45

Intervention de Pierre Rainville (Université Laval), La profanation religieuse sous l’angle du droit : regards croisés Canada / France / CEDH

Commentaires de Thomas Hochmann (Université Paris Nanterre) et Dominique Lagorgette (Université Savoie Mont Blanc)

Sous la présidence de Patrick Taillon (Université Laval)

  • 11h25 Pause
  • 11h40

Interventions de Maryse Potvin (Université du Québec à Montréal) et d’Agnès Berthelot-Raffard (York University), Débats sur « le mot en N » au Québec : discours concurrents sur les libertés académique et de création

Commentaires de Mathilde Barraband (Université du Québec à Trois-Rivières) et  de Lionel Zevounou (Université Paris Nanterre).

Sous la présidence de Stéphanie Hennette-Vauchez (Université Paris Nanterre)

  • 13h20 Déjeuner
  • 14h30

Intervention de Lauren Bakir (Université de Strasbourg),  L’« islamophobie » au prisme du droit.

Commentaires de Hanane Karimi (Université de Strasbourg) et Solange Lefebvre (Université de Montréal).

Sous la présidence de Gwénaële Calvès (Université de Cergy-Pontoise)

  • 16h10 Pause
  • 16h30

Intervention de Clémence Faugère (EHESS), Du tabou à la répression pénale : le rôle du juge judiciaire dans l’identification des mots interdits.

Commentaires de Nathalie Droin (Université de Bourgogne) et Mathieu Soula (Université Paris Nanterre).

Sous la présidence d’Anna Arzoumanov (Université Paris Sorbonne).

  • 18h10

Cocktail.

Le lancement de la Chaire se poursuivra par une présentation le 31 mai à 18h30 à la bibliothèque Gaston Miron, 8 avenue de Saint-Mandé – 75012 Paris.

Dans un bref essai consacré à la « blasphémie »[1], Benveniste appelait à « prêter attention à la nature de cette interdiction qui porte non sur le ‘dire quelque chose’ qui serait une opinion, mais sur le ‘prononcer un nom’ qui est pure articulation vocale. C’est proprement le tabou linguistique : un certain mot ou nom ne doit pas passer par la bouche. Il est simplement retranché du registre de la langue, effacé de l’usage, il ne doit plus exister ».

Ce type particulier de restriction de la liberté d’expression mérite effectivement un examen approfondi. Il peut concerner plusieurs formes d’expression : certains mots (« en F », « en N », « en I »…), certaines images (figure religieuse, croix gammée…) ou certains gestes (salut nazi). Leur interdiction se caractérise par son application, qui semble indépendante envers le contexte : peu importe si le mot ou l’image est véritablement utilisé(e) ou simplement mentionné(e) voire dénoncé(e), peu importe l’intention apparente de celui qui l’emploie. Dès lors, ces restrictions sont susceptibles de s’appliquer aussi bien à des occurrences d’emblée pensées par leurs locuteurs comme transgressives, qu’à d’autres qui se voulaient innocentes. Elles sont par ailleurs vulnérables aux stratégies de contournement : « la blasphémie », remarquait Benveniste, « suscite l’euphémie ».

Les polémiques incessantes de ces dernières années exigent d’inventorier ces restrictions et de les soumettre à un nouvel examen. Quels types de mobilisations et de luttes, indissociablement sémantiques et sociales, aboutissent à ces restrictions et à leur contestation ? Sous quelles formes, plus ou moins informelles, ces normes s’institutionnalisent-elles ? Comment s’appliquent-elles, et sont-elles réellement insensibles aux contextes d’emploi ?

Ce phénomène, tout comme celui plus large des expressions taboues, interroge des disciplines variées (droit, études littéraires, histoire, linguistique, science politique, philosophie ou sociologie). Il provoque des débats dans de multiples domaines, tels que les espaces littéraires (renommer les œuvres), religieux (caricatures), médiatiques (remise en cause de l’ampleur de la liberté de presse) ou académiques (controverses sur l’emploi de certains mots dans le cadre d’enseignements ou de recherches). 

Retrouvez l’actualité du projet sur le blogue hypothèses de la Chaire COLIBEX https://libexpress.hypotheses.org/306


[1] Emile BENVENISTE, « La blasphémie et l’euphémie », in Problèmes de linguistique générale, vol. 2, Paris, Gallimard, 1974, p. 254-257.