Sous la direction de Pierre Brunet, Eric Millard and Jérémy Mercier

En dépit de la littérature relativement abondante à son sujet, quelle que soit la langue dans laquelle on pratique la théorie du droit (laquelle, pour le bonheur du plus grand nombre, ne se limite pas à l’anglais), le réalisme scandinave reste assez mal connu. On n’en retient bien souvent que quelques bribes : lutte contre la métaphysique, empirisme, démystification, idéologie des juges, faits, fictions, prédictions… On ne manque pas non plus de rappeler quelques critiques, plus ou moins sévères, qui lui ont été adressées dans le passé (dont certaines ne manquaient d’ailleurs pas d’humour). Les contributions que rassemble ce volume mettent toutes l’accent sur la dimension épistémologique du programme des réalistes scandinaves au travers de ses principaux protagonistes que furent Hägerström, Olivecrona et Ross. 

L’enjeu, rappelons-le, était de contester tant la théorie positiviste des sources du droit que la conception jusnaturaliste classique faisant du droit positif le prolongement d’une morale propre à la nature humaine. Cette critique des sources constitue le point de départ de toutes les réflexions des réalistes et demeure une constante chez eux. C’est en cherchant à comprendre notre propre compréhension du droit qu’ils en viennent à explorer la dimension socio-psychologique et linguistique du phénomène juridique. Ce faisant, ils se distinguaient des autres juristes qui se réclamaient, à la même époque, du réalisme (aux États-Unis ou en France). 

Si le succès du mouvement peut sembler limité, il n’en demeure pas moins qu’ils ont su provoquer des changements profonds dans la façon d’aborder la science du droit et ils continuent encore de nourrir une réflexion sur les conditions de possibilité d’une telle science. 

Numéro disponible sur OpenEdition Journals https://journals.openedition.org/revus/2913